Parc Güell : Un chef-d’œuvre coloré entre nature et architecture

Vous avez sûrement entendu parler d’une des attractions touristiques les plus célèbres de Barcelone. J’ai nommé le Parc Güell !
Il y a plus d’un siècle, cette incroyable cité-jardin sur les hauteurs de Barcelone est sortie tout droit de l’esprit fou et de l’imagination débordante de Gaudí. Enfin « tout droit », façon de parler ! « Tout en courbes » serait plus approprié tant les formes organiques de la nature furent la principale source d’inspiration de son architecte de génie.
Cela vous dit de découvrir avec nous l’étonnante histoire du Parc Güell et les raisons qui le rendent uniques au monde ? Oui ? Alors suivez la guide !
Histoire du Park Güell : un projet fou et ambitieux
Origines du projet d’une cité-jardin
Petit voyage dans le temps. Rendons-nous à la fin du XIXe siècle. Barcelone connaît des transformations majeures. La ville, autrefois enfermée dans ses murailles, s’étend grâce au plan d’urbanisme d’Ildefons Cerdà, la bourgeoisie catalane cherche alors de nouveaux espaces de vie.

Eusebi Güell, riche industriel passionné d’architecture et fervent admirateur de Gaudí, décide de financer un projet ambitieux : une cité-jardin qui offrirait un cadre de vie exclusif au milieu de la nature et serait inspirée du modèle britannique. C’est d’ailleurs pour cela que le park Güell s’écrit avec un k comme en anglais,

L’ambitieux projet de Gaudí et de son mécène consiste à créer un lotissement de 60 parcelles pour une clientèle aisée. Les règles sont strictes : chaque maison ne peut occuper qu’un sixième de son terrain afin de préserver l’équilibre avec la nature environnante.
En 1900, les travaux du Park Güell débutent sur les hauteurs de Barcelone, au pied de la colline de Collserola. Gaudí conçoit un espace où une architecture novatrice et riche en symboles se mêlera harmonieusement au paysage en épousant des formes organiques et sinueuses.
La construction du Park Güell

La construction du Park Güell se déroule donc entre 1900 et 1914, dans une approche respectueuse du relief naturel et une utilisation ingénieuse des matériaux locaux.
- 1900 : Début des travaux avec l’aménagement des accès et la préparation du terrain.
- 1901-1903 : Construction des viaducs et des murs de soutènement pour structurer l’espace sans modifier le relief.
- 1903 : Construction de l’entrée principale et début de l’escalier monumental avec ses fontaines décorées en trencadís
- 1906-1909 : Aménagement de la grande place centrale, soutenue par la salle Hypostyle dont les colonnes inclinées facilitent le drainage de l’eau.
- 1909-1910 : Pose du banc ondulé recouvert de mosaïques, conçu sous la direction de Josep Maria Jujol.
- 1914 : Arrêt définitif des travaux en raison de l’échec commercial du projet et des tensions économiques liées à la Première Guerre mondiale.
Fin des travaux
Les travaux du Park Güell s’arrêtent à l’automne 1914. Seules deux maisons sont construites sur les 60 prévues.
Bien que la construction d’une chapelle sur les hauteurs du parc soit abandonnée, les principales structures (viaducs, salle Hypostyle, escalier monumental, grande place) sont terminées.
En 1918, à la mort d’Eusebi Güell, ses héritiers décident de vendre le parc à la mairie, qui l’ouvre au public en 1926.
Le Park Güell une fois le projet abandonné
Dans les années suivantes, le parc devient un lieu de promenade prisé par les habitants du quartier de Gràcia. En 1963, la maison de Gaudí, où il avait vécu de 1906 à 1925, est transformée en Casa Museu Gaudí. Elle abrite désormais des objets et des meubles conçus par l’architecte.
Le Park Güell est déclaré monument national en 1969, puis il est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1984. À partir des années 2000, la forte affluence touristique transforme profondément l’expérience du parc, menant à la mise en place de zones payantes en 2013.
Que voir au Park Güell ? Les lieux incontournables

Pour avoir parcouru le Park Guell de nombreuses fois, je pense que tous ses recoins sont dignes d’être explorés. À chaque escapade, je tombe en arrêt devant un détail architectural que je n’avais jamais remarqué, un coin de nature que je n’avais toujours pas découvert, un point de vue sur la ville que je n’avais pas encore admiré.
Vous voulez un conseil ? Prenez votre temps pour le découvrir et n’hésitez pas à vous éloigner des principales attractions. Allez vous perdre sur ses sentiers en pleine nature pour un véritable bain d’énergie !

Cela dit, si vous avez peu de temps devant vous pour le visiter, voilà les principales parties du Parc qui méritent le détour pour leur originalité ou leur histoire et qu’il faut absolument découvrir.
Place du théâtre grec et son célèbre banc ondulé

La place du Théâtre Grec fut conçue pour accueillir des spectacles et des rassemblements. Semi-creusée dans la roche, elle repose en partie sur la salle Hypostyle soutenue par 86 colonnes.
Un vaste banc ondulé, recouvert de mosaïques entoure la place. La technique utilisée se nomme trencadís et consiste à assembler des fragments cassés de céramique, de verre ou de porcelaine.

Ce banc, imaginé et conçu par Josep Maria Jujol, collaborateur de Gaudí, ondule comme une rivière colorée. Au-delà de sa beauté artistique, il est pensé pour être ergonomique. Il s’adapte parfaitement au corps grâce à sa forme incurvée. Prenez le temps de vous y asseoir pour le constater.





Portique de la Bugadera
En contrebas, le portique de la Bugadera (portique de la lavandière) impressionne par ses colonnes inclinées. Cette galerie couverte, qui soutient un chemin supérieur, est en parfaite harmonie avec la nature grâce à ses formes organiques et sa voûte ondulée qui rappelle le mouvement des vagues.

Son nom plutôt étonnant vient du fait que l’un de ses piliers représente la silhouette d’une lavandière. C’est d’ailleurs la seule figure humaine du parc.


Salle Hypostyle
La salle Hypostyle, également appelée Temple Dorique, devait servir de marché couvert pour les résidents de la cité-jardin. Composée de 86 colonnes inspirées des temples grecs, elle soutient la grande place située au-dessus.


Certaines colonnes sont inclinées pour mieux supporter la pression du sol, et un ingénieux système de drainage permet à l’eau de pluie de s’écouler à travers elles jusqu’à une citerne souterraine.
Le plafond est orné de mosaïques circulaires, conçues par Josep Maria Jujol, représentant de grands motifs solaires entourés de médaillons lunaires.

Prenez le temps d’observer quels fragments de céramiques, de verre, de coquillages ont été utilisés pour former ces trencadis uniques au monde. C’est extraordinaire !



Escalier monumental
De nombreuses références à la mythologie grecque illustrent ce célèbre escalier. Une sculpture en trencadís représente le trépied de la Pythie, le temple d’Apollon en Grèce.

La salamandre est la plus connue des trois fontaines de l’escalier. À l’origine, l’eau s’écoulait par sa bouche avant de descendre vers les fontaines inférieures.

Cette salamandre connaît différentes interprétations. L’une des plus populaires est qu’elle représente le Python, le dragon tué par Apollon dans la mythologie grecque.

Maisons de l’entrée et du parc
Comme vous le savez déjà, seules deux maisons ont été construites pour le projet : La Casa Museu Gaudí achetée par Gaudí lui-même et la Casa Trias située sur les hauteurs du parc.

Deux jolies petites maisons semblant tout droit sorties d’un conte de fées montent la garde à l’entrée du parc. Ce sont les maisons de la conciergerie et de l’administration.

Viaducs, chemins et allées
Gaudí a conçu un réseau complexe de quatre types de chemins : les allées principales, les chemins secondaires, destinés aux carrioles à l’époque, des sentiers étroits pour les piétons et des raccourcis en escaliers qui permettent de gravir rapidement les pentes les plus raides.

Des viaducs aux colonnes inclinées ont été réalisés grâce à une technique ingénieuse pour contenir le poids de la montagne. Ils s’intègrent parfaitement dans le paysage grâce à leurs formes organiques et l’utilisation de pierres locales.

Si vous vous promenez dans la zone du Pont del Mig (pont du milieu) vous verrez qu’un arbre centenaire barre le chemin car Gaudí refusa de le déraciner et préféra le contourner. Petite anecdote révélatrice du grand respect de Gaudí pour la nature.

Turó de les tres creus (colline des trois croix)
Antoni Gaudí et Eusebi Guell étaient très croyants. Ils avaient donc prévu, à l’origine du projet, de construire une chapelle qui ne vit jamais le jour sur cette colline qui domine Barcelone. Gaudí la remplaça par trois croix qui représentent le calvaire du Christ et sa crucifixion.

De cette colline, vous pourrez observer un beau panorama sur Barcelone.
Elle est pas belle la vue ?
